top of page

Comment devenir art-thérapeute ?

Je reçois des stagiaires (seulement en formation d'art-thérapie) dans le cadre de mon travail à mi-temps au sein de l'accueil de jour thérapeutique Les Thermes du Verger des Balans à l’hôpital Francheville de Périgueux. Les patients sont accompagnés toute la journée dans le but de stimuler leurs capacités sociales et cognitives. Je propose des ateliers d'art-thérapie groupale à médiation art-plastiques, mouvement/théâtre et des ateliers à médiation corporelle sophrologie et relaxation.


Bien avant d'être salariée, je vous partage mon parcours, ma vision très personnelle du métier et mes réflexions appuyées sur mon métier d'art-thérapie, exercée en libéral depuis 2014.


Si d’autres questions vous viennent à l’esprit, n’hésitez pas à me les partager, je serai ravie d’y répondre dans une seconde lettre...



Pour faire un stage en art-thérapie, soyez en formation d’art-thérapie, vous ne pourrez pas assister à des séances ou des ateliers sans être un minimum formé. Un stage d’art-thérapie se déroule de manière régulière sur une année scolaire, avec un tuteur de stage art-thérapeute. Que penseriez-vous d’un psychologue formé par un éducateur ? Ou qui se serait formé tout seul ? Hélas, de nombreuses écoles d’art-thérapie ne l’imposent pas. Les stages sont difficiles à trouver, certes, mais les art-thérapeutes doivent se former avec un référent du même métier et ne pas naviguer seuls ou en eaux troubles. J’ai moi-même pu expérimenter des stages où j’étais seule dans un EPHAD ou avec un professionnel de santé... C’est incomparable avec mes expériences de stages auprès d’art-thérapeutes confirmés (courant d’écoles confondues).


A la fin de mon cursus aux Beaux-Arts. j’ai commencé par une année préparatoire au D.U. de Tours, mais cela ne m’a pas convenue. J’ai été très déçue. Je me suis tournée vers deux années de Master à Paris 5. Là, je suis rentrée dans le vif du sujet avec des supervisions, des études de cas, des ateliers expérientiels, deux mémoires à écrire en deux ans, des cours de psychopathologie, des analyse de groupe, etc… Je ne prétends pas faire l’éloge d’une faculté. Par contre, j’attendais une éthique et un sérieux dans l’enseignement et j’ai été servi. C’était mes plus belles années d’études ! J'ai pu également travailler dans le social et l'animation en même temps puisque les cours théoriques se déroulent 1 semaine/mois environ + les stages sur l'année. Il existe d’autres écoles et plein d'informations qui sont référencées par la Fédération Française des art-thérapeutes sur leur site internet.


La demande d’études et de formation est plus forte que l’offre de travail, et c’est une réalité très importante à connaître. Si vous êtes mobile dans toute la France, vous aurez peut-être plus de chance de trouver un CDI dans une structure. Vous voulez devenir art-thérapeute et être en libéral, alors armez-vous de courage ! Au début, je vous conseille vraiment d’exercer une activité en parallèle qui vous permet de garder la tête hors de l’eau. Si vous travaillez déjà dans une association ou un hôpital qui finance votre formation, quelle chance ! 


La difficulté de l’art-thérapeute est surement d’harmoniser et de composer entre sa pratique artistique et sa posture de thérapeute :


Ayant étudiée aux Beaux-Arts, je conçois la pratique artistique comme un vrai travail. Un métier précaire, mais un métier. Les créateurs ont une plus grande expérience de leur processus créatif, ils vivent des vagues de déception et d’enthousiasme par rapport à leurs œuvres. La pratique artistique est un véritable oxygène pour les artistes, ils ne peuvent pas faire sans, et je crois en faire partie. 


Le créateur est désespéré d’entendre cette éternelle question : “Est-ce que vous en vivez ?”. Oui ou non, mais j’ai besoin de créer pour vivre heureux. 


Il y a une différence entre faire de l’aquarelle tous les samedi (une pratique occupationnelle, un loisir bénéfique) et un travail de création qui vous envahit et vous amène à une série dont vous ne connaissez pas la fin... Le métier d'artiste.

Vivre sa création est très important pour devenir art-thérapeute. S’impliquer, expérimenter, se tromper, sentir le plaisir, se sentir jubiler, montrer son travail, ne pas vendre, vendre, recevoir des critiques, ressentir l’émotion esthétique de son œuvre, travailler sur une série, etc...  Créez vraiment, diversifiez vos outils et construisez votre véritable travail/projet artistique. Pendant mes ateliers, j’accompagne des créatifs (tout le monde l’est, j’en suis certaine), de grands créateurs (plus rare) ou des anciens artistes.


Par exemple, si je ne pratique que la peinture, et que mon client lui est à l’aise avec la terre... J’ai intérêt d’avoir eu une expérience sensible de l’argile avant de lui proposer. Vous voudriez apprendre avec lui ?  Ce n’est pas le rôle de l'art-thérapeute. Peut-être celui d’un animateur ou d’un éducateur. Vous avez une longueur d’avance, vous êtes un expert du processus créatif.


Pour la posture du thérapeute (la partie formation et expérience médico/sociale), selon moi les stages ne suffisent pas à avoir une expérience solide d’accompagnement. Si vous voulez travailler auprès de publics fragilisés, allez à la rencontre de populations différentes. Avant d’être art-thérapeute, j’étais animatrice, remplaçante éducatrice, animatrice d’ateliers... Les métiers dans le secteur de l’animation, de la culture ou de l’éducatif sont très intéressants pour se former, évaluer et analyser les différences de cadre entre un atelier d’art-thérapie, un atelier d’art ou un atelier occupationnel.

Pendant mes études et bien après, je me suis dirigée vers des publics que je ne connaissais pas sans avoir de préjugés, je fonçais la tête la première vers l’inconnu, et à chaque fois, j’ai eu de très belles surprises. Chaque personne ou population que j'ai accompagné m’a permis d’aller à la rencontre de moi-même et de renforcer mes capacités d’adaptation.

Pour la spécificité de la pratique en libérale, je travaille essentiellement pour des associations et dans mon cabinet (ateliers et séances individuelles). Quand je suis arrivée en Vendée en 2014, j’ai renoncé à l’art-thérapie et j’ai bossé en tant que professeur d’art-plastique et artiste plasticienne intervenante. J’ai dû apprendre à démarcher, toquer aux portes, réseauter et attendre patiemment pendant un an. J’ai eu enfin des contrats, puis avec le temps j’en ai laissé. Parfois mal considérée, j’ai préféré partir. 


Et puis il y a des partenariats géniaux avec des structures, des directeurs, des équipes qui comprennent et soutiennent l’art-thérapie. Le cadre d’intervention doit être souvent rappelé, renommé et repensé avec les professionnels. Une bonne communication avec une personne ou une équipe qui soutient votre projet et le tour est joué. L’institution a souvent sa propre représentation de l’art-thérapie, comme si nous étions un peu magicien ou une espèce rare d’animateurs. C’est à nous de démontrer l'utilité de l'art-thérapie et de dévoiler la particularité de ce beau métier !




En résumé devenir ART-THÉRAPEUTE implique de :

Se former sérieusement (une année ne suffit pas pour devenir thérapeute, deux voire trois années sont primordiales). 


Protéger son cadre et son éthique (suivre une supervision professionnelle, suivre une analyse personnelle) malgré la réalité financière du terrain.


Continuer de développer son propre processus de création et sa créativité.


Ouvrir son regard sur tous les courants d’art-thérapie (une fois les études terminées).


Avoir expérimenter différents publics, ou se spécialiser avec un public en particulier.


Vous pouvez avoir plusieurs médiations - mais je vous conseillerai de prendre votre temps et de les étudier les unes après les autres … 


Participer à des ateliers d'art, des stages d'art-thérapie (danse, théâtre, musique ou arts plastiques) ou s'offrir un suivi individuel avec un.e art-thérapeute (au moins 5 à 10 séances).

Continuer un travail personnel analytique.

Être supervisé.

Pour terminer, je vous partage une sélection d’auteurs/art-thérapeutes qui sont des indispensables pour plonger dans la pratique art-thérapeutique :


Jean-Luc Suddres (D.U. de Toulouse)

Anne Brun (psychopathologie)

Anne-Marie Dubois (D.U. Saint-Anne)

Jean-Pierre Klein (INECAT)

Jean-Pierre Royol (Profac)

Alexandra Duchastel, Johanne Hamel, Anne Marie Jobin (Art-thérapeutes québecoises)

Édith Lecourt (musicothérapie)

Nicole Weil ( Protocoles en art-thérapie)

Richard Forestier (Afratapem)

Didier Anzieu 

René Kaes

Donald Winnicott, Jung, Freud …

Jean Oury

Le site CAIRN.fr (des articles gratuits et payants professionnels).


bottom of page